Un trésor dans le désert
Publié par Jean-François Noblet le jeudi 02 août 2007
C'est une histoire vraie
que je raconte aux participants de voyages de tourisme naturaliste que je guide. Je la raconte quand je les vois ramasser des objets dans la nature, en particulier dans un parc national ou une réserve naturelle.
Nous étions dans le parc national de la Côte des Squelettes, en Namibie, au bord de l'océan. Dans ce secteur les touristes fortunés pouvaient se faire déposer en avion aux frontières du parc et rapporter tout ce quils trouvaient comme pierres précieuses pendant la journée pour une somme forfaitaire de 800 euros. Je faisais partie d'un groupe de français qui ont commencé à ramasser toutes les jolies pierres qui avaient été découvertes dans le talus de la piste lors de travaux dès l'entrée du parc. Je me suis mis en colère contre le non respect de son règlement et la plupart d'entre eux ont reposé leurs restes d'opales qui d'ailleurs n'avaient pas grande valeur car elles avaient été cassées par les engins de terrassement.
Nous avons dormi dans la station biologique du parc sur des lits en planches. Ce détail est important car le lendemain nous avions décidé, avec une amie, de nous lever à l'aube pour tenter de surprendre des hyènes brunes venant rechercher des cadavres échoués sur la plage. Et je m'étais coincé le dos pendant la nuit…
Au lever du jour nous sommes partis, Cathy et moi, parcourir, en silence, les dunes proches. Nous avions convenu de nous séparer de 50m pour couvrir plus de terrain à la recherche des traces caractéristiques de la hyène. Quelques minutes plus tard je tombe sur une magnifique pierre précieuse, de la taille d'une prune. Je m'agenouille et je la prends en main. C'était un très beau cadeau du ciel. Le soleil se levait, nous étions perdus au bout du monde et j'avais trouvé un trésor. En fait ce n'était que le début car, en me relevant et en remontant le talweg, je découvris des kilos d'opales, intactes, concentrées par gravité dans un creux. J'appelais mon amie qui me trouva à genoux, les bras au milieu du trésor, comme Picsou au milieu de ses billets ! Nous étions tellement heureux d'avoir eu cette chance, dans ce site incroyable de beauté et de virginité que nous avons décidé d'offrir ce plaisir à d'autres humains. Pas à nos compagnons de voyage peu scrupuleux mais aux autres qui viendraient ici par hasard. Alors nous avons effacé nos traces et nous sommes partis le cœur débordant de joie en laissant les bijoux sur place, comme au premier matin du monde.
Quand je me suis redressé pour la dernière fois j'ai entendu mes vertèbres craquer et mon dos s'est miraculeusement remis en place. Que la nature est bonne !
Je n'ai jamais regretté notre attitude et j'ai un immense plaisir à pouvoir dire à mes enfants et mes amis : « Je suis rentré sans effraction dans une très grande bijouterie. Je pouvais tout emporter et j'en ai rien fait pour que vous puissiez, vous aussi, avoir le même bonheur. »