Un sapin pour Noël ?
Publié par Jean-François Noblet le samedi 03 octobre 2020 dans Écologie nationale
Un sapin pour Noël ? :
Beaucoup de monde s’est offusqué d’apprendre que le maire écologiste de Bordeaux a décidé de ne pas dépenser 60 000€ pour mettre un grand sapin coupé devant sa mairie à Noël. Afin de permettre à chacun de décider de la manière de célébrer Noël nous avons cherché à en savoir plus.
En France on achète 6,5 millions de sapins de Noël dont 1 million sont en plastique. 2 millions de ces sapins sont importés : 60% de Belgique et 25% du Danemark. Cela engendre consommation d’énergie et production de gaz à effet de serre. En France on plante des sapins de Noël sur 5000 hectares de forêts défrichées, de zones humides drainées et d’espaces agricoles principalement dans le Morvan, en Bourgogne, en Bretagne et en Auvergne Rhône Alpes.
Ces plantations nécessitent des engrais, 10 traitements par an de fongicides, d’herbicides (Glyphosate par exemple) et d’hormones de croissance. Il n’y a aucune plantation en France qui possède le label international FSC (Forest Stewardship Council) qui garantit une culture respectueuse de critères écologiques. On commence juste à trouver quelques producteurs bio ce qui est rassurant car apporter un végétal contaminé chez soi, n’est pas un joli cadeau. Ces plantations, outre le fait qu’elles acidifient le sol et l’eau des rivières proches sont de vrais déserts pour la flore qui est limitée par l’ombrage et pour la faune privée de nourriture dans un système monolithique, donc fragile.
Aussi dans le Morvan un collectif de citoyens excédés par l’enrésinement des forêts locales a détruit en 2015 symboliquement 5 hectares de plantations. En 2010 l’Agence Régionale de Santé y a découvert un herbicide dans l’eau et, en juin 2019, un apiculteur dont les ruches étaient décimées par les traitements des sapins proches a tiré sur la cuve de pesticides avec son fusil. Aussi le Parc Naturel Régional du Morvan a souhaité signer avec l’association française du sapin de Noël naturel une convention améliorant les pratiques de plantation.
J’ajoute que le traitement des sapins après usage coûte une fortune à la collectivité. A Lyon il a fallu ramasser 252 tonnes de sapins en 2018. Dans l’agglomération grenobloise en 2019 on a dû mettre en place 47 points de collecte dans 13 communes durant 1 mois pour gérer 12 884 sapins. 28 tonnes broyées ont été ajoutées au compost de Murianette et 12 tonnes ont été incinérées. Je précise qu’un compost uniquement de résineux n’est pas utilisable au jardin. Il peut seulement servir de couvre sol contre des adventices indésirables.
Alors comment célébrer le solstice d’hiver sans renoncer à la tradition ?
D’abord renoncer aux arbres en plastique ou recouverts de neige artificielle ce qui interdit leur recyclage.
11 % des sapins vendus en France sont dans des pots. Après les fêtes on peut replanter ces arbres vivants dans son jardin, une cour d’école ou dans un espace vert communal. On les a aussi utilisés à grande échelle pour faire des murs anti bruit le long d’une voirie, pour stabiliser des dunes en bord de mer. On pourrait imaginer un système de location de sapins en pot.
Et puis avec un peu d’imagination, on peut fêter Noël tout en ménageant la planète : on peut décorer une plante verte, un arbre planté dans le jardin ou bricoler avec ses enfants un arbre artificiel avec des morceaux de bois flottés ou des branches mortes. On trouvera de très chouettes modèles sur le site www.deconome.com
La transition écologique indispensable pour notre survie nous oblige à accepter de modifier toutes nos habitudes. Avec raison, mesure et bon sens on devrait pouvoir y arriver.
JF Noblet www.ecologienoblet.fr