Les écologistes et la bagnole
Publié par Jean-François Noblet le mercredi 19 novembre 2003
On a trop souvent dit et écrit que les écologistes étaient systématiquement et hystériquement contre les voitures qu'il convient ici, dans ce débat, de rétablir la vérité.Il y a, comme dans la société de notre pays, des écologistes captifs, sans voitures et d'autres qui ont la possibilité d'en disposer. Ces derniers tentent de choisir des véhicules propres, sûrs et recherchent plutôt la faible consommation de carburant ou le côté de pratique au luxe démonstratif et à la puissance des moteurs.Les écologistes captifs, dans leur majorité aimeraient bien disposer d'un véhicule pour se déplacer plus librement.Les écologistes propriétaires de véhicules ne sont pas prêts à les abandonner totalement et ronchonnent comme tout le monde dans les embouteillages.
On voit bien avec cette rapide analyse que les écologistes ne sont pas viscéralement hostiles à la voiture.
Ceci dit, il faut maintenant rappeler la philosophie des écologistes qui consiste à se poser en permanence la question de l'état de l'environnement, du devenir des ressources et du droit des générations futures de disposer d'un environnement sain.
Or nous savons tous que l'environnement de la cuvette grenobloise s'est fortement dégradé depuis 30 ans. Certes on ne sent plus autant la chimie du sud mais la qualité de l'air s'est tellement dégradée que les médecins et les autorités seraient bien inspirés de nous révéler le nombre de morts induits par les épisodes de forte pollution.
Cette pollution dont on ne connaît pas encore l'impact réel est dû, chacun le sait, aux émissions du trafic routier pour l'essentiel.
Rappelons que ce phénomène n'est pas uniquement local mais planétaire et que les conséquences de l'effet de serre sur nos ressources, nos stations de ski, l'eau sont particulièrement préoccupantes.
Aussi nous voudrions que les hommes politiques dont la vocation est précisément la prévision des évolutions de notre société répondent aux questions suivantes :
- n'est-il pas vrai et vérifié que les nouvelles infrastructures fluidifiant le trafic ont pour conséquence immédiate l'augmentation de ce trafic ? (Par exemple, la DDE pense que le tunnel sous la Bastille serait saturé dès son ouverture…)
- peut-on prétendre réduire la pollution (obligation du plan de déplacement urbain et des projets d'aménagement et de développement durable des plans locaux d'urbanisme) générée par le trafic automobile en augmentant la vitesse des véhicules (fluidité accrue) et le nombre de véhicules ?
Dans le cas où on prouverait aux écologistes que l'on peut répondre non à la première question et oui à la seconde, il nous semble que les écologistes seraient ravis de pouvoir continuer à conduire sereinement. Hélas il n'y a que ceux qui se cantonnent dans l'attitude "après moi, le déluge" qui oseront dire qu'il est possible de faire Ambérieu-Bourgoin, l'A51 qui engendrera 18 000 véhicules jour en plus dans l'agglomération et que l'on diminuera la pollution de l'air, le bruit, les accidents tout en circulant mieux.
Ce sont eux les utopistes.
Les écologistes savent bien que le pétrole n'est pas illimité, que l'exclusion des "captifs" sans voiture n'est pas tolérable, que l'effet de serre et la pollution de l'air vont nous contraindre à changer radicalement de moyen de transport. Il nous faudrait très vite limiter nos déplacements inutiles, privilégier largement les transports en commun, le vélo, la marche à pied, retrouver le calme et la lenteur, à défaut de sagesse.
Et arrêter définitivement les nouvelles infrastructures pour les voitures et les camions.
Nature et humanisme