La poubelle dangereuse

Aujourd'hui le consensus est obtenu pour les opérations de recyclage des ordures et l'on voit heureusement fleurir partout en France les déchetteries et les points de collecte sélective avec différents containers pour le verre (incolore ou coloré), les papiers cartons et les emballages. Ainsi chacun est incité à trier ses déchets, à bien différencier ce qui est récupérable, recyclable, contribuant, par ce nouveau comportement, à économiser les ressources, à limiter les pollutions et à protéger l'environnement.

L'effort d'éducation pour parvenir à de bons résultats de collecte sélective a été et reste considérable. Il a permis l'abandon par la majorité des citoyens du geste fatal qui consistait à jeter n'importe quoi, n'importe où, le plus vite possible.
Cette révolution culturelle, imposée par l'acuité du problème des déchets, s'est réalisée dans un laps de temps très court, ce qui prouve notre capacité à agir concrètement quand notre environnement est menacé. Tant mieux !
Il est cependant nécessaire de dénoncer ici l'influence néfaste et contre-productive de l'installation de petites poubelles non sélectives sur les aires de repos des voiries, dans les rues des villes, les cours d'école, les espaces verts ou les parkings de grande surface par exemple.
En effet on ne peut pas dépenser des sommes considérables pour installer des déchetteries, réaliser un effort éducatif important pour inciter les citoyens à recycler leurs déchets et leur offrir, dans leur vie quotidienne hors du domicile des petites poubelles où ils peuvent jeter pêle-mêle tous leurs déchets sans aucun tri. C'est l'exemple type de mobilier urbain qui contredit totalement l'ensemble de la politique de gestion des déchets. Or, en matière d'éducation, on sait l'importance d'être cohérent pour être crédible et de ne jamais permettre le retour en arrière, de rester en permanence dans la même logique et le même raisonnement.
Ces petites poubelles largement répandues sont donc dangereuses et contredisent sans doute une bonne évolution de la gestion de nos déchets.
Surtout si elles se trouvent dans la nature, à l'entrée d'un parc naturel, d'une forêt domaniale voire même aux abords des containers de recyclage.
Elles sont particulièrement dangereuses car il est idiot de déplacer un camion benne à ordures pour récolter quelques kilos de déchets non triés sur un grand parcours kilométrique. On se rend bien compte, surtout en période de vacances, qu'aucune collectivité ni service de l'état ne sont capables de gérer correctement ces poubelles qui incitent le dépôt de déchets plutôt qu'elles n'induisent leur bonne gestion. En effet, la plupart de ces poubelles débordent et donnent une image désastreuse de notre environnement.
Heureusement, aujourd'hui on s'est rendu compte de l'aberration pédagogique et technique de ces poubelles dangereuses.
L'Office National des Forêts, par exemple, enlève les poubelles sur les parkings forestiers. Il a raison. On y est venu en voiture avec des déchets. On peut donc repartir avec et les gérer chez soi avec ses propres poubelles. Cette politique ne peut être mise en place que si on remplace le coût de l'installation des poubelles par un nettoyage régulier des papiers gras des espaces voisins. Si le site est propre, les citoyens hésiteront à le salir.
Au contraire, si la poubelle déborde en permanence, plus ou moins éventrée par les chiens et les renards, elle incitera les comportements négatifs.

Ainsi nous aurons une chance de réellement progresser pour une société plus propre. 

Il importe donc de bien réfléchir aux effets pervers de l'installation et du maintien de poubelles non sélectives, contradictoires avec nos objectifs de recyclage.
Il importe aux entreprises spécialisées de nous proposer un mobilier urbain plus adapté et conforme. En tout cas, il paraît indispensable de mentionner, au minimum, sur ces poubelles : "Ne jeter que les déchets non recyclables".