La FDSEA contre nature?

La FDSEA contre la nature ?

Le 30 juillet 2013 la FDSEA de l’Isère a publié un compte rendu d’une rencontre qu’elle avait eu avec le préfet de l’Isère sur les « attaques » de vautours.

La lecture attentive de ce texte donne un sérieux malaise aux protecteurs de la nature qui sont clairement attaqués et qui comprennent que la FDSEA reste dans une attitude anti-nature et anti-écologiste. On peut donc s’interroger sur une telle politique d’un syndicat qui se cantonne dans une polémique démagogique et rétrograde.

En effet :

-Il a été clairement démontré que certains témoignages « d’attaques » de vautours en Rhône Alpes sur des animaux vivants se sont révélés faux, après expertise de vétérinaires compétents. Plusieurs éleveurs ont reconnu avec honnêteté leur erreur.

-Les associations de protection de la nature n’ont jamais refusé le dialogue avec les éleveurs pour leur donner les informations dont elles disposent sur les programmes de réintroduction des vautours, sur le comportement de ces oiseaux protégés par les lois françaises et européennes et sur les possibilités reconnues d’intervention de vautours fauves sur du bétail vivant immobilisé au sol et dans une situation particulière (vêlage difficile).

-Aussi, dans ces conditions le texte de la FDSEA apparaît comme une agression envers les écologistes qui sont clairement accusés de gaspiller les deniers publics, « d’occuper un grand nombre de personnes à l’introduction des vautours » et de se « dire » protecteurs de l’environnement.

Est-ce que cette stratégie est efficace ?

Une rencontre préalable de la FDSEA avec des naturalistes compétents aurait pu éviter à ce syndicat de se discréditer :

-Evoquer la grippe aviaire pour accuser les vautours est ridicule quand on sait aujourd’hui que cette maladie a été propagée par les élevages intensifs de volailles et que les sucs digestifs des vautours éliminent nombre de bactéries et contribuent à limiter les zoonoses.

-Les vautours n’ont pas été introduits mais réintroduits car il y avait des vautours nicheurs en Isère en 1920 (Falaise du Néron par exemple)

- Les éleveurs qui bénéficient des services d’équarrissage naturel des vautours reconnaissent l’intérêt économique de cette possibilité.

Rappelons que cet équarrissage a permis d’économiser 430 000€ en France en 2010

La FDSEA semble prendre systématiquement position contre la faune sauvage : après les sangliers, les lapins, les blaireaux, le loup, c’est au tour des vautours. On peut s’interroger sur une politique agricole qui méconnait la biologie de la faune sauvage qui est présente sur l’espace agricole et qui voudrait s’en affranchir totalement. Or, la société française n’est plus ce qu’elle était avant guerre. Il n’est plus question d’éradiquer ce qui gênait les activités humaines mais d’apprendre à cohabiter et à intégrer le rôle de la faune sauvage dans toutes les activités humaines. On peut alors s’interroger sur le décalage, voire le fossé, qui existe entre la FDSEA et l’opinion publique de la société européenne. Tout le monde comprend que la biodiversité est essentielle pour notre survie sur la planète et les agriculteurs devraient comprendre que les abeilles, la faune du sol, des écosystèmes sains et complets sont indispensables à l’activité agricole.

Il est d’autant plus contre productif que la FDSEA attaque ainsi les écologistes car aujourd’hui, ils sont probablement les meilleurs alliés potentiels de l’espace agricole et d’une agriculture saine et reconnue par l’ensemble des citoyens. En Isère on pourrait citer plusieurs exemples de victoires des associations de protection dans des combats où les syndicats agricoles étaient absents : « Manger bio à la cantine, l’abandon de la zone Centralp 3 à Moirans, l’abandon du premier projet de l’échangeur de Mauverney à La Buisse, l’A51, etc.

A une époque où les agriculteurs perdent régulièrement du terrain (800 hectares par an en Isère), des emplois et une reconnaissance de la société qui juge l’état de l’environnement agricole, il parait que l’attitude actuelle de la FDSEA envers la nature et la faune sauvage n’arrange rien, bien au contraire.

Quand on est minoritaire, en perte de vitesse et en difficulté, se braquer contre des alliés ouverts, compétents et désintéressés est une erreur manifeste.

Dernier détail : En 1995 le tourisme lié aux vautours dans les Causses a rapporté 4,4 millions de francs au tourisme local selon une étude très sérieuse.

 

Jean François NOBLET à titre personnel

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