Et si on partageait le travail ?

Et si on partageait le travail ? Plus j’écoute les hommes politiques parler des solutions contre le chômage, plus je trouve qu’ils ne se posent pas les bonnes questions et, par conséquence, que leurs solutions sont vaines. Alors je propose de réfléchir à ce problème Est-ce que la quantité de travail disponible pourrait satisfaire les demandes d’emplois ? Naïvement je serai plutôt enclin à considérer que la quantité globale de travail possible, donc d’emplois, sur la planète diminue. En effet notre technologie supprime tous les jours des emplois : on remplace les emplois de guichetiers, de caissières, d’imprimeurs, de secrétaires par l’informatique. Les machines font le travail des ouvriers et des agriculteurs et internet supprime les intermédiaires. Chacun peut dorénavant exercer plusieurs métiers en plus du sien : loueur de sa voiture, de sa maison, de sa piscine ou vendeur de vieux bouquins ou de costumes d’occasion. Rappelons nous…Quant on voulait envoyer un bulletin associatif à des adhérents en 1980 il fallait trouver une secrétaire, un imprimeur, des volontaires pour faire les enveloppes, une postière et un facteur. Aujourd’hui j’envoie bulletin avec photos en 2 clics sur mon ordinateur. Sans juger si cette évolution est bonne ou pas, on peut admettre que, globalement, il est peu probable que le nombre d’ingénieurs informatiques ou de vendeurs et réparateurs (S’ils existent !) d’ordinateurs compensent le nombre d’emplois détruits dans mon dernier exemple. Notre puissance technologique évite désormais quantité d’emplois pénibles et nécessitants une multitude de main d’œuvre. Même si on peut rêver à la création d’emplois utiles (Marchands de vélos électriques, fabricants d’éoliennes à pâles verticales, enfouisseurs de lignes aériennes, coiffeurs bio, dépollueur de nappes phréatiques, cultivateurs de déserts, ramasseurs de plastiques dans les océans etc.) il est peu probable que l’on compense les pertes d’emplois dues au machinisme et aux concentrations industrielles et commerciales mondiales. Il s’ajoute à ce phénomène l’augmentation du nombre d’humains sur la planète et de leur durée de vie. On pourrait donc légitimement penser que la quantité d’emplois disponibles diminue alors que ceux qui en ont un, le garde plus longtemps, et que le nombre de ceux qui n’en n’ont pas, augmente considérablement. La réponse des politiques consiste à espérer qu’une croissance économique soit la solution sans jamais se poser la question de l’impact de cette croissance sur la survie de la planète avec ses ressources limitées. De plus patrons et élus demandent la rallonge de la durée légale du temps de travail et de l’âge du départ à la retraite alors que le nombre de chômeurs augmente… ce qui diminue le gisement d’emplois disponibles pour eux. Sans affirmer que le travail épuise, non seulement les travailleurs, mais des ressources mondiales limitées on peut, là encore, se demander s’il ne faudrait pas diminuer le travail et mieux le partager. Alors j’ai eu une idée induite par mon expérience professionnelle. Durant ma carrière j’ai toujours défendu avec acharnement mon temps libre et pourtant j’ai travaillé beaucoup plus que la loi me l’imposait. J’aimais ce travail et je disposais d’un salaire honorable (2100€/mois en fin de carrière) qui me suffisait amplement. Et bien j’aurais volontiers partagé mon emploi à plein temps et mon salaire avec un(e) collègue exerçant le même poste que moi. On aurait pu travailler ensemble ou se partager les temps de présence pour les mêmes tâches. Cela aurait permis une continuité du travail, un suivi plus régulier, une présence quasi permanente. A ma retraite, j’aurai pu disposer d’un remplaçant formé alors que je n’ai pas été remplacé et la plupart de mes dossiers se sont arrêtés. Avec un travail à mi temps j’aurai gagné moitié moins de salaire mais j’aurai pu mieux m’occuper de mes enfants, faire mon jardin, apprendre l’anglais, bricoler ma maison, voyager, écrire un livre ou observer les oiseaux. J’aurai gagné du temps et fais des économies pour me nourrir et me loger. Tout de suite je vous vois sceptique : réduire son temps de travail et son salaire de 50% n’est pas acceptable pour la plupart des citoyens qui peinent à boucler le mois. Vous avez raison mais je propose que cette solution soit possible pour des personnes volontaires qui pourraient choisir la personne de leur tandem. Je pense alors qu’un certain nombre de fonctionnaires, d’enseignants, de cadres, de médecins seraient tentés d’essayer l’expérience. Outre le fait que la sécurité sociale économiserait les dégâts du stress du travail pour ceux qui sont submergés, on aurait moins de chômeurs et de suicides et plus de cotisants pour les retraites. En fait l’initiative reviendrait aux citoyens. Mais on peut imaginer des systèmes d’incitation forte mis en place par la société : réduction d’impôts, départ anticipé à la retraite, réduction de tarifs dans les services publics, les transports. A un moment où on se rend compte du côté factice de notre démocratie qui voit l’abstention progresser, les enquêtes publiques et les syndicats désertés, il devient salutaire de redonner du temps aux citoyens pour qu’ils puissent réfléchir, se reposer, se cultiver et décider des priorités de leur vie. Le temps de travail actuel et le chômage empêchent cela. Diminuer le temps de travail et le partager reste une solution inexplorée. Qu’en pensez-vous ? Jean françois NOBLET www.noblet.me

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